Journal de Bord

La description détaillé au jour le jour du voyage de 5 ans du voilier Yallah! Un voilier GibSea 34 au départ du Lac Champlain, les préparatifs, la descente du Hudson et le voyage vers la Floride par l'Intracoastal. La traversée vers les Bahamas et la descente jusqu'au Venezuela et le retour à St Paul de l'Île aux Noix.
Des anecdotes, des guides nautiques, des cartes, des trucs...quoi faire ou ne pas faire, les mouillages...des bons et moins bons endroits!

jeudi 9 novembre 2000

Charleston/Elliot Cut/Ross Marine (476,3)

Nous partons seulement à 8h:30 parce que nous avons un pont à passer et il n’ouvre qu’à 9h.  Nous nous dirigeons à la file indienne vers le pont et comme il est bien indiqué dans les notes d’Obsession L le courant est très très fort.  Le pont ouvre et on avance mais pas tellement vite, en fait je dis à France qu’on devrait se laisser distancer au cas où un bateau aurait la mauvaise idée de tomber en panne devant nous dans Elliot Cut ou le courant est très violent et le passage est très étroit.  Évidemment ce qui devait arriver, arriva!  Nous sommes tomber en panne, ou presque.
Le pont vers "l'enfer" Elliot Cut
 Au moment ou nous entrons dans le Cut qui fait à peu près 80’ de large, je mets toute la puissance du moteur pour combattre le courant (2,5kn) et nous nous traînons (2kn), rendu a à peu près moitié chemin un vacarme infernal se fait entendre sous le bateau.  Je coupe les gaz et immédiatement le bateau se met à tourner et redescendre le Cut deux fois plus vite.  Ça donne vraiment un drôle de ¨feeling¨ de barrer un bateau en perdition.  La première chose à faire, essayer de sortir de cette "tranchée" rocheuse et ensuite amener le bateau à l’extérieur du Cut et trouver une place et m’ancrer du premier coup sans moteur.  
Est ce que je vous avais dit que juste à l’extérieur du Cut il y a un gros 4 mats d’accoster dans l’axe du Cut et qu’il faut absolument le contourner.  Nous nous ancrons en catastrophe et on attend l’étal de la marée, pour que je puisse plonger voir ce qui a bien pu se produire. Suis je en train de perdre mon hélice ou aurait on casser le support de l’axe d’hélice ou le plus simple, un câblot de pris malgré mon coupe-orin.  J’attend que le courant baisse a en-dessous de 1kn ce qui s’avère encore trop fort.  J’attend 0,6kn et j’y vais, l’eau est froide et je n’y voit rien, au quatrième essais (pas évident avec le bateau qui bouge au-dessus) je réussis à voir/toucher et je me rend compte que l’hélice et le support sont en bon état mais je n’ai plus de ¨strut bearing¨.  Je remonte en vitesse à bord parce que nous n’avons que 30 minutes pour passer le Cut avant que le courant revienne en force.  Ici le courant passe de 1kn dans une direction à zéro, tourne et remonte à 1kn en moins d’une heure et évidemment qu’une autre heure de plus c’est l’enfer.  Nous devons traverser le Cut et faire 5 milles à voile avant que le courant ne rendent la conduite du bateau incontrôlable, heureusement que nous partons avec 12kn de vent et nous arriverons chez Ross Marine dans un détour de la rivière avec 20kn de vent et le courant revenu en force.  Un mini coup de moteur et surtout l’aide de 4 employés de la marina nous permettent d’accoster sans trop de problèmes.  Ouf! On va certainement bien dormir cette nuit.
Nous resterons presque 6 jours chez Ross Marine, et notez bien la nuance…Ross Marine pas Marina!  Ici il n’y a rien.  Pas de toilette ni de douches, pas d’épicerie, RIEN!  Par contre, c’est la place pour tomber en panne.  En fait, nous sommes dans un garage à bateau.  Les quais ne servent que d’aire d’attente avant de passer voir le docteur.  Les quais et les terrains avoisinants ne contiennent qu’une quarantaine de bateaux mais j’apprendrai qu’ils en passent 800 par année pour réparation mécanique ou cosmétique.  Pour les futurs malchanceux, sachez que si vous tombez en panne ici, il ne vous en coûtera rien tant que votre voilier n’est pas sorti de l’eau, le hic c’est qu’une fois sorti vous n’avez pas le droit de rester à bord, donc il faut payer pour le remettre à l’eau et attendre les pièces nécessaires.  Nous avons été ¨chanceux¨, parce que je savais après ma plongée quelle pièce était défectueuse et un téléphone à St Paul nous permettait d’espérer le morceau pour lundi matin.  Nous passons donc le weekend à visiter les quelques voiliers à vendre, France fait de la couture, moi de l’ordinateur, France lave le bateau, moi de l’ordinateur, France fait des biscuits, moi de l’ordinateur.  France cire le bateau, moi de l’ordinateur…enfin on s’occupe, on regarde même la télévision (les suites des élections, "pôvre" eux autres!).  Lundi matin, tel que promis la pièce arrive mais les autres mises à l’eau sont prioritaires.  Demain matin, c’est promis.  France pour se défouler, relave le bateau, moi…
Mardi à 7h30 nous sommes sur le quai et on fait le pied de grue, on assiste à la première mise à l’eau d’un gigantesque ¨cruiser¨.  Pas un bruit, pas de moteur, pas un cri, à peine un sifflement du contremaitre et en s’aidant de la marée ils mettent à l’eau un mastodonte d’au moins 150 pieds en 15 minutes…on est les prochains.  Je suis bien content que tout se fait de la même manière, totalement sous leurs contrôles, moi et le courant on a encore quelques petits problèmes existentiels!  Le voilier est amené vers une aire de travail que déjà un mécanicien passe en vélo et regarde le travail à faire, pendant que le voilier est mis sur des chevalets le mécanicien est déjà en train d’enlever l’hélice et France de finir de cirer le bateau!  Pendant ce temps la grue repart faire une autre mise à l’eau!  Ici ça roule!  Faites un petit calcul, 800 bateaux, avec une entrée et sortie de l’eau donc 1600 mouvements sur 300 jours par année et seulement pendant l’étal ou presque (le courant ici est de 2kn)  Sa garde un gars occupé.  Je trouvais qu’il avait l’air habitué!  En fait, la réparation prend une heure mais nous ne seront remis à l’eau qu’a 10h30, la grue étant occupée ailleurs.  France et moi on se promet une journée du tonnerre pour essayer de rattraper nos copains dans les jours qui viennent.  Donc fini les journées pépères de 40 miles.  On décide que dorénavant nous ferons au moins 50 miles par jour.
On part de Ross Marine le 14 novembre à 11 heures et on s’ancre à Rock Creek, 47 miles plus loin à 17h.
Rock Creek, très bon ancrage dans 12 pieds d’eau.  Mais aucune protection contre le vent et beaucoup de courant, comme partout en Géorgie.
10 au 14 Novembre 2000  

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