Journal de Bord

La description détaillé au jour le jour du voyage de 5 ans du voilier Yallah! Un voilier GibSea 34 au départ du Lac Champlain, les préparatifs, la descente du Hudson et le voyage vers la Floride par l'Intracoastal. La traversée vers les Bahamas et la descente jusqu'au Venezuela et le retour à St Paul de l'Île aux Noix.
Des anecdotes, des guides nautiques, des cartes, des trucs...quoi faire ou ne pas faire, les mouillages...des bons et moins bons endroits!

mercredi 30 octobre 2002

Tobago Cays/Bequia, St Vincent/Rodney Bay, Ste Lucie

Après une courte navigation de 26,4nm ou nous arrêtons à Bequia, pour faire le plein de diesel et on s’ancre à l’écart (parce que nous n’avons pas fait les douanes...). 
Fleurs d'Acier, magnifique dériveur, en acier fabriqué au Québec, d'une amie Française.
 Surprise! Fleurs d’Acier est ancrée et attend une fenêtre météo pour monter vers la Martinique. Nous naviguerons donc ensemble le reste du voyage.
30 Octobre 2002

On part à 04h00 du matin, on va essayer de se rendre d’une seule traite à Rodney Bay, ainsi on évitera de mouiller à St Vincent, surtout à Chateaubélair qui est toujours un peu spécial! Un bon vent d’Est nous pousse gentiment vers les côtes de St Vincent et quelques heures plus tard nous passons devant Chateaubélair, nous sommes largement dans les temps pour atteindre au moins Marigot...en approchant du canal séparant St Vincent de Ste Lucie (ou la houle est toujours très forte) le voilier fait deux 360 degrés! 
J'ai pris la relève pour le passage entre St Vincent et Ste Lucie, un peu plus costaud
 Plus de barre à roue, elle tourne dans le vide, heureusement que nous sommes encore caché derrière l’île et que le vent est momentanément faible. Depuis deux ans que nous sommes partis, et souvent je me disais que la barre franche de secours était une nuisance à l’endroit que je l’avais installée...heureusement que j’ai toujours pensé à la garder prête et accessible! Même pas cinq minutes plus tard, elle est en position et nous repartons en direction de Ste Lucie, une fois dans les vagues du canal j’entends un ¨ploc¨ suivit d’un roulement...Horreur! L’écrou de retenue de la barre franche, roule le long du bordée et il reste en équilibre à côté d’un chandelier à peine ¾ de pouce du vide! Je l’attrape au vol et le réinstalle cette fois-çi en le serrant comme un forcené...vraiment, il pourrait fournir un boulon un peu plus long! Dans une mer plus forte, on aurait pu perdre le bateau pour même pas 25¢!!!
La marina de Rodney Bay et son mouillage
Après avoir fait, somme toute, une belle journée de 69,3nm de navigation nous arrivons et mouillons dans la soirée à l'extérieur de Rodney Bay, je suis complètement fourbu, barrer avec une barre de secours qui n’a même pas 3 pieds de long, un bateau de 10,000lbs, ça prend dans les bras, heureusement qu'il a fait très beau!
31 Octobre 2002



lundi 21 octobre 2002

Carriacou, Grenade/Tobago Cays, St Vincent (14,6nm)

Le paradis terrestre...ou presque! Notre fascination, notre enchantement pour les Cays demeure toujours aussi vif. Que c’est beau! La couleur de l’eau est toujours aussi fantastique et le mouillage, si c’est possible est encore plus impressionnant, parce que nous ne sommes qu’une dizaine de bateaux, quant habituellement en saison, le mouillage peut abriter une centaine (ou plus?) de voiliers.
Les Tobago Cays...une photo prise l'an dernier, mais toujours aussi beau!
Malheureusement, la température se dégrade rapidement et après une belle journée ensoleillée ou nous profitons pour plonger sur la barrière de corail (nous n’avons JAMAIS vu autant de poissons) nous passons une nuit infernale. Les vents sont montés à 35 ou 40kn et une pluie diluvienne tombe à l’horizontale... on a l’impression qu’il neige! Tout est blanc, la surface de l’eau est blanche, la lumière ambiante est ¨blanche¨. Spécial!
Les "Cays" vue de l'île de Mayreau, on voit très bien la barrière de corail.
Nous étions en sécurité, même si nous sommes face à l’Atlantique, la mer étant en très grande partie bloquée par la barrière de corail, seul de petites vagues réussissaient à nous rejoindre, après s’être reformées derrière la barrière de corail. En fait, la seul anxiété, est que notre ancre tienne...parce qu’évidemment, c’est impossible d’ajouter de la chaîne, car même si nous ne sommes pas beaucoup et qu’il y a énormément de place, les loueurs, eux, il faut qu’ils nous collent et j’en ai un à a peine 25 pieds derrière moi! Nous sommes donc entourés de bateaux de locations et certains vont chasser pendant la nuit...le sport!
Le lendemain, le beau temps revient temporairement et tout ce beau monde va disparaître, certains vont même appeler à la radio pour savoir, si il y a une fenêtre météo pour traverser les 3 milles qui nous séparent de Mayro! Ils devaient êtres très fatigués ou traumatisés!
Les 4 jours qui suivent sont ponctués de coups de vent 25/30kn et énormément de pluie. Heureusement, le temps se remettra au beau et nous ferons encore de très belle plongée, dont une particulièrement étrange. Nous étions en train de patrouiller le long du récif et un énorme banc de poissons à complètement fait disparaître le récif. Des millions de petits poissons flottaient parmi les têtes de corail, une masse blanche qui s’écartait de temps en temps pour laisser passer un perroquet énorme...ce qui nous a rappeler qu’on nous avait dit que souvent, dans les bancs de petits poissons, un plus gros prédateur pouvait s’y trouver en pleine chasse. Le banc était tellement gros qu’on ne pouvait pas vraiment apprécier le site de plongée, on est donc sortis quelques minutes plus tard!
Pendant le reste de notre séjour, la plupart des bateaux étant des loueurs, quittent en fin d’après-midi pour se ¨parquer¨ devant un restaurant dans les îles avoisinnantes. Nous, nous partageons le mouillage avec seulement 2 autres bateaux, comme nous, des ¨liveaboards¨.
21 au 30 Octobre 2002

vendredi 18 octobre 2002

Chaguaramas, Trinidad/St George/Cariaccou, Grenade

Nous quittons le mouillage à 15h30 et sortons par la passe Monos et cap sur Grenade. Nous naviguerons seul, très peu de bateau monte vers le nord à cette époque, étant donné que le risque d’ouragan est encore présent. Mais le "local knwoledge" affirme que la saison est terminée, et comme nous voulons être en Martinique pour le 1er novembre pour rencontrer un ¨prospect sérieux¨ pour l’achat du bateau, on ne traîne pas, surtout que nous voulons profiter, comme d'habitude des merveilleuses Tobago Cays.
Une belle rencontre au large de Grenade
La traversée de 89,7nm s’effectue sur une mer d’huile, mais à moteur, nous arrivons au large de Grenade et nous ancrons à 06h15 à l'entrée du port de la capitale, St George avec seulement 4 autres bateaux.  Comme d'habitude, on a pas réussie à dormir pendant un "passage", alors dodo!.
18 et 19 Octobre 2002

La météo est toujours belle, on en profite donc pour partir aux aurores et nous avons une très belle navigation de 28,1nm (à voile!). 
Yallah! avec sa nouvelle annexe
 On s’ancre par hasard, à côté de Larimar!  Ils arrivent de l'île de Tobago et attendent une fenêtre météo pour leur permettre de rejoindre St Martin d’une traite...quant on a une fusée!  Mais, c'est surtout, qu'ils ne peuvent pas faire relâche en Martinique, ni en Guadeloupe... les douanes les attendent, ou plutôt leur bateau hors taxe!
Nous, de notre côté, étant donné que nous n’avons pas fait nos douanes, il est hors de question qu’on reste plus longtemps.
20 Octobre 2002

mardi 8 octobre 2002

Porlamar/Medina/Cabo San Francisco, Venezuela

Le 8 octobre nous quittons Porlamar à 05h00 quelques minutes avant la levée du jour et traversons à moteur vers Medina qui est un petit port de pêche à 50,8nm et qui à pour le moment, la réputation d’être sécuritaire. Vers midi, nous sommes obligés d’arrêter le moteur qui surchauffe. Nous montons les voiles, mais le courant nous pousse vers la côte et nous n’avançons pratiquement pas, en fait on recule! L’arrêt prolongé de Porlamar a dû favoriser l’installation de bien des familles de kryll et de petits crabes dans le système de refroidissement, après une demi-heure, le moteur repart, probablement que mes passagers clandestins ont dû cuire dans les canalisations surchauffées et maintenant tout marche normalement. Nous nous ancrons dans une jolie baie à 17h30 avec un bateau américain qui monte aussi vers Trinidad.
La baie de Medina sur le continent.
Le village de pêcheurs n’est pas loin, il paraît que c’est mieux pour la sécurité d’être près d’eux. D’autres disent que c’est le contraire, c’est mieux d’être près d’un hôtel...mais en fait, personne n’en sait rien! Comme nous à dit un vieux routier français, nous allons à la rencontre de notre destin, très encourageant!
8 Octobre 2002

Départ à 04h00 car nous avons 65,4 milles à faire. Étant le bateau le plus lent nous partons une heure avant les autres, en sortant de la baie en pleine nuit, nous rencontrons une longue procession d’une centaine de bateaux de pêche qui avancent 3 par 3, éclairés par des petites lampes à l’huile. C’est féerique! Plus loin, on a presque un arrêt du coeur! Un bateau solitaire change subitement de direction et vient à pleine vitesse vers nous, à une centaine de mètres il tourne et fonce droit sur nous et arrête vraiment près de nous, et retourne d’ou il vient. Ouf! On a eu vraiment la trouille! Avec toute les histoires de piratages qu’on a entendu...on devient vraiment parano!
Le Cabo de San Francisco toujours sur la côte du Venezuela
La côte Vénézuelienne est extraordinaire et très sauvage, avec beaucoup de mouillage désert, des formations rocheuses extraordinaires (nous avons vu au moins 2 ou 3 Rocher Percé!) c’est vraiment dommage qu’il n’est pas possible de visiter en sécurité ce pays, cela aurait pu être le paradis de la voile, nous collons la côte et un courant nous pousse vers notre destination que nous atteignions à 15h30, un record!
9 Octobre 2002 

Nous quittons notre mouillage le 10 octobre à 06h30, nous avons un petit 21,4nm à faire et à peine sortie de la baie nous voyons la côte de Trinidad, le voir sur une carte c’est une chose, mais de le voir in visu c’est surprenant!  Nous sommes littéralement collés à l’île.
On quitte le Venezuela, la dernière image du continent
La navigation est très agréable, la mer malgré sa mauvaise réputation à cet endroit est très calme et nous passons la passe de Monos de sinistre mémoire et nous ancrons dans la ¨merveilleuse¨ baie de Chaguaramas parmi les détritus à 12h15 seulement.
On a pas l’intention de rester ici longtemps. On fait les douanes en vitesse, porter notre nouvel ordinateur pour faire changer le disque dur défectueux (Ça va prendre 1 semaine, malgré le fait qu’il savait que nous arrivions avec ce problème) Comme d’habitude ici, on en profite pour faire des réparations au bateau, (Chaguaramas est vraiment la capitale technique des Antilles) et nous avons le plaisir de revoir nos amis de Jonathan IV et de Ma Blonde.
Notre séjour ne se passe pas sans petit problème...un bizarre de voilier, en fait une épave, est ancré sur câblot et se promène partout dans le mouillage. Après avoir pratiquement entré en collision avec deux voiliers voisins, j’ai la surprise de le voir à, a peine, 2 pieds du nôtre!  En fait, on découvrira qu’il n’ a même pas d’ancre, il se tient après un bloc de ciment. Étant donné que le mouillage est exécrable, j’avais exceptionnellement pris une ¨boule¨ payante, donc j’étais en droit de porter plainte auprès de la capitainerie et le lendemain, le voilier est remorqué et temporairement attaché à un corps mort. Quelques heures après l’ épave revient, avec son propriétaire, ¨s’ancrée¨ à coté de moi!  Une discussion assez virile s’en suit, mes deux voisins sans mêle aussi et tout rentre dans l’ordre, ou presque! Le lendemain, mes deux voisins viennent m’avertir qu’ils quittent le mouillage parce que le proprio de l’épave leur à promis de leur faire la peau, ainsi qu’a moi! Pour me rassurer, il me mentionne que notre bonhomme est en probation, en attendant son jugement...pour attaque à main armé contre un autre bateau! Évidemment, que la police ne peut rien faire, aussi longtemps que nous en sommes qu’au verbal!  Dans l’après-midi, pendant que nous sommes à l’intérieur du bateau, on entend un ¨bang¨, comme si quelque chose avait cogné contre la coque...il n’y a rien... à part mon annexe qui est en train de couler! L’annexe à littéralement explosée et l’étrave est fendue de bord en bord. Nous avons juste le temps de récupérer le moteur avant que le tout se ramasse au fond de l’eau. On se doute un peu du coupable...
Le hasard fait bien les choses, WindMaster s’était acheté une annexe au Vénézuela (Caribe et AB, y sont fabriqués) et il n’avait pas réussi à vendre leur ancienne...On est preneur! Nous la faisons réparer et le lendemain, notre ordinateur est prêt, nous dédouanons en vitesse et allons nous ancrer dans Scotland Bay...nous y seront plus tranquille! De toute façon, la météo est superbe et nous avons l’intention de partir l’après-midi même.
10 au 18 Octobre 2002