Journal de Bord

La description détaillé au jour le jour du voyage de 5 ans du voilier Yallah! Un voilier GibSea 34 au départ du Lac Champlain, les préparatifs, la descente du Hudson et le voyage vers la Floride par l'Intracoastal. La traversée vers les Bahamas et la descente jusqu'au Venezuela et le retour à St Paul de l'Île aux Noix.
Des anecdotes, des guides nautiques, des cartes, des trucs...quoi faire ou ne pas faire, les mouillages...des bons et moins bons endroits!

jeudi 8 août 2002

Los Testigos/Porlamar, Margarita, Venezuela (47,2nm)

On décolle le 8 août avec un beau 20kn vent arrière en direction de Margarita, la mer une fois éloignés des Testigos devient d’un calme assez extraordinaire, mais malheureusement le vent aussi et on est obligé de finir notre navigation à moteur sur les 22 derniers miles.
Le petit Miami du Venezuela, le mouillage de Porlamar
Le coup d’œil à l’arrivé en vue de Margarita est totalement différent de tout ce que nous avons vu dans les Antilles…c’est un deuxième Miami, d’énormes hôtels longent toute la côte sud de l’île
8 Août 2002

France qui aime l’aventure a décidée de faire elle même ses douanes...au lieu de prendre un courtier, le requin Juan!  Donc la première journée elle part tôt le matin avec les documents du bateau et nos passeports accompagnée d' une Française avec qui nous avons liés d'amitiés au Los Testigos.  Je ne la reverrai que vers 17h, elle a courut à gauche ou a droite, les douanes avaient déménagées, le marchand de timbres fiscaux (eh oui!) n’était pas à l’endroit indiqués par les douaniers. Le Venezuela emporte haut la main le trophée pour l’entrée la plus compliquée de toutes les Caraïbes...et supposément que Chavez venait de simplifier la procédure...
 
Le "dispatcher" des autobus et son service à la clientèle...
En résumé, il a fallu aller à Pampatar voir les douanes, mais elles étaient déménagées, retourner à Porlamar faire les douanes, allez chercher des timbres fiscaux (s’ils ne sont pas en rupture de stock...). Retourner au douane, ensuite se faire donner un reçu par une banque (pas n’importe laquelle!) retourner au douane faire étamper (beaucoup d’étampes au Venezuela) ensuite retourner à Pampatar à la Capitainerie pour retourner à Porlamar chercher à la mauvaise adresse d’autres timbres fiscaux (heureusement le taxi était plus au courant que les douaniers, des bonnes adresses) retourner encore une fois à Pampatar pour les donner à la Capitainerie et ensuite en final faire l’immigration. (Toujours beaucoup d’étampes, ils aiment ça!) Coût de l’opération? 65,000 Bolivares (880 BS. pour 1$CAN) ou une ¨grosse¨ économie de 11$ comparée au prix d’un courtier, mais maintenant on connaît le circuit et l’on économiseras beaucoup plus à la sortie, (le courtier facture le même prix à la sortie qu’a l’entrée, ce qui est très loin d’être la réalité...) Donc pour l’entrée prenez un courtier, et gardez la sortie pour vous.
Margarita est une île superbe et très montagneuse.
Pendant notre arrêt à Porlamar, nous allions pratiquement tous les jours marcher en ville, lors de notre arrivée, on avait l’impression que nous étions devant un deuxième Miami...en apparence seulement, parce que beaucoup des bâtiments que nous voyions de la mer sont une fois vue de près, vide, abandonnée, pas terminée. Un vrai désastre!
L’économie Vénézuélienne est très malade. Les promoteurs construisent ou construisaient partout, dans les marécages, coupait une montagne en deux pour dégager de la place (même s’il y a plein de champs abandonnés) et construisaient un ¨monstre¨ de 10, 15, 20 étages et partaient avec les dépôts de la pré-vente en abandonnant une carcasse à moitié finie.  A Porlamar, il y en a des dizaines comme ça.  Même le gouvernement s’amuse à construire un énorme complexe portuaire pour accueillir 9 paquebots de touristes à la fois (je ne sais pas ou ils vont aller les chercher?) mais il n’y a pas assez d’eau, donc les passagers devront êtres transportés par des navettes à terre... Le complexe est en construction depuis dix ans, alors tous les commerces a proximités des travaux sont soit fermés ou presque, en tout cas recouvert de dix ans de poussières!  
Le port de pèche de Porlamar
 Même le marché au poisson, qui à l’origine était très actif et était installé la ou le complexe s’élève, est maintenant fermé, ils en construiront un nouveau, selon les brillants fonctionnaires de Caracas, après que les travaux sont terminés... je ne sais pas s’il restera encore un pécheur de vivant après tant d’années d’attentes. Pas étonnant que le vol soit devenu une véritable plaie ici, après tout il faut gagner sa vie!
On fête France au resto chez Juan, la place des "boaters" ancrés devant Porlamar
Parlons vols... Pour la première fois depuis notre départ, nous devons TOUT LES SOIRS, enlever notre moteur hors-bord ou monter l’annexe sur le bateau, sinon bye bye! Régulièrement, on apprend qu’un bateau qui n’avait pas pris l’avertissement au sérieux s’est fait avoir.  Au mouillage, devant Porlamar, normalement il n’y a rien d’autres a redouté... excepté dans les deux dernières semaines avant notre départ, plusieurs bateaux se sont fait visiter la nuit, une vigile s’est constitué, et durera tant que le "visiteur" ne se fera pas prendre,  Porlamar devient momentanément presque aussi ¨désagréable¨ que le continent.  
En ville, les gens sont charmants et jamais nous n’avons perçu de l’agressivité, au contraire!  Mais il est évident qu’il y a un très gros problème d’insécurité ici, toutes les maisons sont barricadées, même des buildings de 10 étages ont des barreaux (pas du fer forgé décoratif!) aux fenêtres et ce, jusqu’au dernier étage!  Partout on voit des cadenas, des volets métalliques, la ville est en état de siège!  D’ailleurs nombreuses sont les maisons abandonnées que les propriétaires ont désertés. Certains propriétaires sont en route pour le Canada!!!  Après avoir parlé avec plusieurs commerçants, nombreux sont ceux qui pensent quitter le pays... étrange quant on sait que le Venezuela est le 5e producteur au monde de pétrole, mais pas surprenant quant on sait aussi que le standard de vie de l’habitant est passé de 13e au 47e en vingt ans...le seul pays producteur de pétrole à avoir réussis ce coup de force!  Mais le plus ¨drôle¨, si on peut dire, c’est que ces mêmes commerçants ne sont pas contents du gouvernement canadien parce qu’il leur demande de dévoiler le montant de leurs actifs et évidemment le nom de leur banque, le problème, c’est qu’ils n’ont jamais payés d’impôt et ils n’ont pas l’intention de commencer même dans leur nouveau pays d’accueil!!!
La maison de l'ancien gouverneur à Pampatar.
Petites anecdotes de vol nautique. (Dans les environs de Margarita) Un voilier s’est fait voler son ANCRE pendant la nuit...oui, oui! Vous avez bien lu! Je parle bien de l ’ancre qui était dans l’eau, qui retient le bateau!!!
Un monsieur, sort prendre l’air sur son catamaran pour en même temps vérifier son moteur hors-bord qu’il a religieusement sorti de l’eau... il y a 3 vénézuéliens en train de partir avec! Ils ont eu peur, ils l’ont donc ¨échappée¨ dans 20 pieds d’eau de mer, très bon pour une mécanique.
Jacqueline, une Guadeloupéenne, n'en peut plus de marcher, grosse journée de visite!
 Évidemment que les disparitions d’annexes et de moteurs sont la norme et souvent on sourit, mais malheureusement parfois s’est beaucoup moins drôle... la semaine que nous sommes partis de Margarita, un voilier s’est fait totalement vider et lorsque le propriétaire à voulu intervenir pour empêcher le saccage totalement inutile qui a suivi, ils lui ont tirés une balle dans la jambe.
La baie de Juan Griego
Mais revenons au choses plus agréables!
Malgré tout, pour nous, avec nos dollars canadiens nous sommes riches!!! (Une fois n’est pas coutume) La ville est couverte de magasin de toutes sortes, d’immenses ¨hypermarchés¨, l’abondance quoi! Les marchandises offertes sont de qualités, provenant du monde entier avec évidemment une concentration de marques américaines ou canadiennes.
 "La Galera" près de Juan Griego
Les transports, taxis ou autobus sont à des prix imbattables. N’importe quel circuit d’autobus coûte 200BS (0,25), un taxi pour traverser la ville 2000BS (2,27$CAN) Nous avons même fait un allez retour pour chercher des grosses batteries marines (80$CAN) pour 2500BS (2,84$)! Les items de base comme 24 bières coûtent 6900BS (7,84$CAN) 1,5L de vin blanc ou rouge d’Italie coûtent 3,800BS (4,31$CAN) mais la semaine précédente le même vin coûtait 2,400BS, donc il y a une inflation galopante. France qui depuis notre départ de Montréal remet toujours au lendemain ses achats (la nuit porte conseil!), s’est transformée dans les dernières semaines en une consommatrice effrénée, robes, blouses, jupes, sculpture, on en profite!
 
Le centre ville très jolie du "vieux" Porlamar près de la cathédrale construite par Christophe Colomb!
Les restaurants sont nombreux et très peu chers, il y a aussi dans toutes les rues des petites roulottes qui servent des super hamburgers et surtout des empenadas. Tellement qu’un jour après avoir mangé des calmars frits le midi encore des calmars frits le soir et le lendemain des empenadas (toujours frit!) je me suis tapé une crise de foie. Mon infirmière favorite, ma aussitôt offert un médicament dans un jus de fruit rouge, mais une fois dans le verre, il était devenu jaune...comme d’habitude quand je prend un médicament quelconque, j’ai fait cul sec et avalé d’un coup le verre de jus, agrémenté d’eau de Javel! France avait oublié que le verre avait servi de ¨mesure¨ pour de l’eau de Javel et il était encore à moitié plein ou vide? J’en ai été quitte pour une indigestion carabinée qui a duré 24 heures. Olé!
France se rafraîchit dans le parc devant la Cathédrale
Margarita, contrairement à la plupart des autres îles, est très intéressante...j'adore!  Nous avons dans la dernière semaine de notre séjour fait un tour de seulement une moitié de l’île et qui en une journée nous a fait comprendre que nous aurions dû prendre 2 ou 3 jours pour faire le même périple.  Plusieurs musées, maisons d’époque, églises ou cathédrale, forteresses, jolis ports de pêche le tout illustré d’un passé historique captivant et très mouvementé. Il aurait fallu rester plus longtemps, mais les caprices de mon nouvel ordinateur nous force à retourner à Trinidad (Ouach!) et la vente possible de notre bateau nous appelle en Martinique parce qu'on a un "prospect" pour le début novembre. Nous profitons du départ de deux bateaux québécois (Windmaster et Graffiti) pour faire un convoi vers Trinidad, ce sera plus sécuritaire...parait il!
9 Août au 7 Octobre 2002


jeudi 1 août 2002

Scotland Bay, Trinidad/Los Testigos, Venezuela (90,7nm)

En préparation de notre départ, on se déplace vers Scotland Bay, qui est beaucoup mieux placé pour prendre la sortie vers la haute mer, un deuxième avantage c'est qu'on ne verrat plus les poubelles tourner autour du bateau à chaque changement de marée…en plus qu’on commence à connaître Port of Spain, la capitale, comme notre poche. Heureusement que les restos ne sont pas chers, on a fait le plein de chinois!
Nous partons à 16h30 et nous dirigeons vers les Testigos à moteur! Pas de vent et heureusement pas de vague, la mer est calme comme sur un lac. Nous entrons le lendemain matin dans la passe des Testigos à 09h30, pratiquement tout le voyage un fort courant nous à pousser dans la direction des îles Vénézuéliennes, sinon on y serait encore!  Ici pas de douane, mais il faut absolument aller s’inscrire à la Guarda Frontera. Dans un petit bâtiment style soucoupe volante en plastique (comme celle installée sur la route 9 vers Plattsburgh…) un jeune, très jeune soldat prend notre inscription…c’est assez long parce qu’a chaque fois qu’une femme d’une trentaine d’année avec son bébé dans les bras passe devant le ¨bureau¨ il entre en transe!  Surtout si en plus une ¨chiquita¨ de 16 ans vient tourner autour du bureau, son menton manque de décrocher et les yeux lui sortent des orbites.  Il faut que je mentionne que la garnison des Guardas Frontera est abandonnée ici 3 mois avant d’être relevée (ils leur restaient 10 jours…) et que le village est tellement petit qu’il n’y a même pas d’épicerie, quant à une discothèque!  
Le mouillage presque désert des Testigos
Nous avons notre permis renouvelable pour rester 4 jours : Coût, 1 paquet de cigarettes.
Nous sommes ancrés avec une dizaine de bateau devant une île dotée d’une jolie plage, 2 cabanes abandonnées et une troisième avec la même allure mais habitée par un local qui en échange de boîte de pois ou de légumes quelconques nous préparent à nous et à trois autres couples, un repas de langouste et de barracuda. Nous n’avons qu’a apporter nos ustensiles et des salades ou légumes. Sa femme et lui sont très contents de manger avec nous de tout excepté de la langouste…y’en à marre! En fait, c’est la seule façon pour eux de varier leur menu. Mais ça n’a pas empêché notre ¨macho man¨ d’entretenir deux femmes (une sur chaque île habitée) et d’avoir 12 enfants…il semblait assez satisfait de son sort!
Les bateaux et le cheval, sont tous ancrés face au vent dominant, même l'arbre "pousse" avec une certaine tendance.
Depuis que nous sommes ici, la météo a complètement changé, il ne pleut plus (à Trinidad, tout les jours) et aucun nuage à l’horizon, le taux d’humidité est tombé de 95% à 70%..
31 Juillet 8 Août 2002