Journal de Bord

La description détaillé au jour le jour du voyage de 5 ans du voilier Yallah! Un voilier GibSea 34 au départ du Lac Champlain, les préparatifs, la descente du Hudson et le voyage vers la Floride par l'Intracoastal. La traversée vers les Bahamas et la descente jusqu'au Venezuela et le retour à St Paul de l'Île aux Noix.
Des anecdotes, des guides nautiques, des cartes, des trucs...quoi faire ou ne pas faire, les mouillages...des bons et moins bons endroits!

jeudi 9 mai 2002

St Pierre/Grande Anse d'Arlet/Ste Anne/Le Marin

Un petit 16,3nm plus loin on s'ancre dans de des hauts lieux de la voile.  Beaucoup de bateau dans une belle baie.  L'eau y est très claire sur un fond de sable..  Dans le fond de la baie, une belle plage bordée de cocotiers et de petits restos, mais pas réellement de village comme tel, ce qui, en bout de ligne, n'est pas vraiment notre "bag".
9 au 11 mai 2002
Un cadeau pour les yeux!  Le Belem passe majestueusement devant la baie.
Un autre 11,4nm et on pourrait dire "Home Sweet Home" on se croirais chez nous!  Notre quartier général!   La plage de St Anne bordée par les cocotiers du Club Med nous donnes pour une rare fois la possibilité de marcher sur du sable, se baigner en touchant le fond, le tout à 100 mètres du bateau.  En boni, le village de St Anne à 500 mètres du bateau offre avec son marché, quelques petites épiceries et surtout son kiosque à journaux bien fournis, une qualité de vie difficile à battre.
S’il y a une capitale du nautisme dans les Caraïbes, c’est bien Le Marin.  On y trouve de tout et aussi tout les corps de métiers, et ce n'est qu'a un petit 3 miles plus loin dans une baie profonde, Le Marin avec son ancrage très bien protégé nous attend au cas ou…Pour nous, ce n’est pas les tempêtes qui nous y poussent mais plutôt une tempête de petits problèmes sur le bateau.
Un "petit" catamaran attend son tour pour aller caréner. Si la marina est capable de prendre un monstre pareil, ils n'auront aucun problème avec votre petite chaloupe!
Nous y allons à répétition, nos voisins de mouillages doivent se poser des questions, à plusieurs reprises nous revenons du Marin nous ancré à St Anne et le lendemain on retourne au Marin avec un nouveau problème.  Au point qu’une journée nous y retournons après 3 faux départs, remorqué par ¨Born Free¨ le bateau de nos amis Suisse.
Nous y ferons réparer notre annexe par un atelier (La Survy), ce qui veut dire pas de moyen de transport pendant une semaine, heureusement que ¨Sea Escapade¨ et ¨DamLine¨ nous servent de taxis, ¨Wind Master¨ et ¨Graffiti¨ viennent aussi à la rescousse, nous ferons vérifier notre frigo qui à un comportement étrange.  Mais le nec plus ultra, seras notre panne majeure de moteur…
Nous partons du Marin et tombons en panne dans le chenal, on revient cahin caha se remettre à l’ancre.  Il y a de l’air dans le circuit de diesel, une petite rondelle de 0,25¢ en est la cause.  En croyant réparer, nous empirons le problème, on retombe en panne 40 minutes plus tard en plein dans le goulot du Club Med, nous devons donc nous rendre sous voile jusqu'à St Anne.  Le lendemain ¨Born Free¨ nous ramène à notre point de départ.  Le boulon qui retenait la fameuse petite rondelle à ¨bouffé¨ le filage et l’air s’infiltre de nouveau dans le circuit de fuel.  Avec l’aide de ¨La Marquise¨ (Encore un autre bateau Québécois!) nous taraudons et installons un nouveau boulon plus étanche…le lendemain, nouveau départ vers St Anne…repanne!!!  Il y a une autre fuite d’air dans le système, celle-ci est beaucoup, BEAUCOUP plus grave.  Il y a du diesel à profusion dans le compartiment moteur et dans le coffre à voile…nous en retirerons une quarantaine de litres!  Au moins on à un avantage, on sait ou est la fuite, dans le coffre à voile…malheureusement derrière le réservoir de retenue des eaux usées de 25 gallons en INOX!  Après 3 heures de travail, je réussis à EXTRAIRE le réservoir et découvre la fuite, et ce, grâce à ma scie à métal…j’ai été obligé de couper le réservoir à m…. en deux morceaux pour pouvoir le dégager.  En bonus, on découvre, toujours caché par le réservoir, le câble d’accélérateur qui lui ne tenait plus qu’a un fil, sans jeux de mots!  Si cette panne était survenue dans les environs de Trinidad avec son courant de 3kn on se serait retrouvé quelques part en Amérique Centrale ou plus probablement échoué sur un des îlots Vénézueliens.
Une fois la réparation faite, nous retournons enfin à St Anne…pour apprendre que ¨Jonathan IV¨ nos compagnons de voyage depuis Montréal et que nous n’avions pas vu depuis Novembre 2000 sont ancrés….au Marin!  Une heure après notre arrivé, nous retournons au Marin!  Les bateaux du mouillage nous regardent d’un drôle d’air, je me demande bien pourquoi!
Les deux frères "jumeaux"
Nous voyons ¨Jonathan IV¨ ancré à la place que nous avions tant eu de misères à quitter.  Nos copains Réal et Claudine nous font de grands signes…il y a beaucoup d’émotions dans l’air!  La seule chose qui assombrit un peu l’atmosphère des retrouvailles, est l’absence de Caramel…qui a malheureusement terminé son voyage chez un vétérinaire.
Mais ¨Yallah!¨ n’a pas terminé sa ¨saute d’humeur¨,  le lendemain de notre ¨happy hour¨ marathon, ou nous avons raconté réciproquement nos ¨exploits¨ de navigation, nous découvrons que nous avons maintenant une importante fuite d’eau causée par le moteur, le ¨%X £&**ZZ!!!
Encore une petite réparation facile, une petite plaque de métal (0,50¢) retient 2 tuyaux en cuivre qui connectent tout l’ensemble à l’échangeur de chaleur…mais évidemment, dans un bateau c’est jamais simple.  Pour y avoir accès, il faut démonter l’alternateur, enlever le filtre à eau et se trouver face à face avec un petit c…..de boulon de 10mm complètement rond et impossible à enlever.  Trois heures plus tard, (On est dans le sud, on travaille toujours en tranche de 3 heures!) j’abandonne.  Demain, ça ira mieux!  Réal de ¨Jonathan IV¨ s’offre à aider et l’on démonte l’échangeur de chaleur et tout ce qui suit…vous ai-je dit que nous avons un ¨merveilleux¨ Volvo?  Nous y passerons TOUTE la journée…c’est la façon de ¨Yallah!¨ de souhaiter la bienvenue à Réal!
Tout est revenu dans l’ordre…en fin de semaine départ vers le Sud!  La kyrielle de travaux petits et grands nous auras pas empêchés de visiter un peu plus l’île qui demeure la plus belle, la plus intéressante de toute les Caraïbes.
France avec l'équipage de Side by Side sur la plage des Salines.
Avec nos amis Américains ¨Side by Side¨ (revus après 6 mois) nous avons visités les Salines, dînés dans un resto Brésilien et avons finis la soirée a regarder un film sur leur catamaran ancré dans Anse Mitan.  Nous sommes retournés à Fort de France pour magasiner dans les boutiques de bébé pour une petite robe pour Melody, ma nouvelle petite fille.  Nouvelle expérience de grand papa!  Notre arrêt nous permets de faire connaissance avec ¨Arlequin¨ encore un bateau Suisse (notre spécialité…) un superbe Amel Super Maramu, une chaloupe de 52’ équipée de propulseur d’étrave, génois et GV électrique, lave linge, lave vaisselle etc etc etc.  Nous avons aussi été couché dans une maison appartenant à une Québécoise mariée à un Français, dans un vrai lit dans une vallée absolument merveilleuse en pleine nature…par contre les crickets et les grenouilles font BEAUCOUP de bruit!
12 Mai au 30 Juin 2002

vendredi 3 mai 2002

Gosier, Guadeloupe/Portsmouth, Dominique/St Pierre, Martinique

Nous partons à 6 heures du matin, nous avons 37,2nm à faire et la journée s’annonce très belle, la météo depuis quelques jours annoncent toujours la même chose…vent 15/20kn, ESE, possibilité de grain avec vent 30kn. Au large de Marie Galante nous croisons le ¨ferry¨ superbe catamaran qui relie la Guadeloupe et la Martinique en un temps record. Il est impressionnant avec son immense sillage qui jaillit de ses turbines. Une fois les Saintes dépassées, nous captons un avis aux petites embarcations, en fait la radio demande de ne pas naviguer inutilement???  Pourtant, il fait très beau et hier encore les pronostics pour les prochains 24 heures étaient bon.
A 15 miles de la Dominique le vent se met à souffler plus fort (20kn) et arrivons dans la baie de Portsmouth. 
L'immense Baie de Portsmouth, Dominique
 Le mouillage est superbe et bien protégé, toute la nuit le vent souffle, mais au matin à 6 heures, c’est le calme plat et je vois 4 ou 5 voiliers partir vers le sud. Ils ont du capter une bonne météo.
3 Mai 2002


La mer est comme un miroir, je décide de lever l’ancre immédiatement, on a une grosse journée à faire, 53,3nm, avec un calme comme ça, on déjeunera en route. Si plusieurs voiliers ont décidé de partir, c’est que la météo est bonne et que mieux vaut ne pas retarder, demain sera peut-être mauvais…
Nous longeons la côte, quelques fois de brusques coups de vent passent entre les montagnes et couche le bateau. Heureusement, que sa dure pas longtemps, mais c’est désagréable. Un à un les voiliers s’arrêtent et s’ancrent en cours de route et nous, nous arrivons au bout de l’île dans le passage de la Dominique. Il ne reste qu’un 2 mâts devant nous, heureusement, ça nous permet de nous préparer parce que subitement il se met à gîter, disparaître dans les creux, se met face aux vents à deux reprises. Sa doit brasser!
Nous arrivons à notre tour à l’extérieur de la protection de l’île. C’est l’enfer!  Heureusement que par paresse et parce que je croyais faire du moteur (par manque de vent) j’avais gardé mes deux prises de ris, subitement la mer se creuse dans des vagues de 2 à 4 mètres, elles viennent de toutes les directions, le vent se met à souffler 20, 30, parfois 35 nœuds!  Belle journée en perspectives.  France, ma barreuse favorite, démissionne.  Le chat est vert et nous le laisse savoir.  Après une journée ¨tonique¨ (comme disent les Français) nous arrivons enfin et ancrons à St Pierre à 16h30, fatigués mais contents.
Des yoles donnent un beau spectacle en passant devant le mouillage
La ville est en plein préparatifs pour les célébrations du centenaire de l’éruption du Mont Pelée. Comme d’habitude, ils s’y prennent un peu tard…refaire la rue principale, peinturer toutes les maisons sur le front de mer et les rues immédiatement après, je ne pense pas qu’ils réussissent dans les temps, peut-être pour le deuxième centenaire? De toute façon, le peu qu’ils font changent beaucoup l’aspect sinistre des maisons couvertes de suies. Parce que beaucoup de gens semblent l’ignorer mais l’éruption catastrophique de 1902 (29,000 morts) à été suivi par plusieurs autre jusque dans les années 30.
Le mouillage de St Pierre "à l'ancienne" avec le Pictou, navire Canadien
Les journées du 7 et 8 Mai sont les plus intéressantes. Les vieux gréements arrivent au nombre de 14 et s’amarrent comme à l’époque, proue face à la mer sur leurs ancres et poupe attachée à un corps morts vers la plage. Le décor 1902 est monté et près pour la reconstitution de l’éruption. Le magnifique 3 mâts ¨Belem¨ arrive toutes voiles dehors, très impressionnant! 

Le Belem le seul vieux gréement Français encore actif et qui était présent en 1902
 Le ¨Belem¨ est doublement intéressant parce qu’il était venu pour la première fois venu à St Pierre en mai 1902, et parce que le port était bondé, son capitaine avait décidé de s’ancrer dans une autre baie…ce qui fait de lui le seul survivant de l’éruption. Pour son deuxième voyage à St Pierre une place d’honneur lui est réservée. Dans la soirée un spectacle son et lumière est donnée avec en arrière plan le Mont Pelée toujours aussi impressionnant (il est toujours sous haute surveillance, étant officiellement actif) l’apothéose est évidemment un énorme feu d’artifice. 
 
Le Belem le seul vieux gréement Français encore actif et qui était présent en 1902
Nous sommes ancrés aux premières loges et de voir les silhouettes des vieux gréements avec en second plan les vieilles maisons de St Pierre se détachés sur le fond créés par les énormes bouquets du feux d’artifice, restera un de nos beaux souvenirs.
Le Mont Pelée, presque toujours caché par des nuages
4 au 9 Mai 2002